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25 août 2007

Madame Bovary [Gustave Flaubert]

    Dans la série "révisons nos classiques" et surtout "élargissons notre culture lacunaire", j'appelle Madame Bovary. J'arrivais donc en Terra Incognita, sur ce continent de la littérature qu'est Flaubert, bien décidé à conquérir quelques parcelles de terrain. Le début du roman est assez attrayant, je dois le reconnaître, mais mon enthousiasme est retombé bien vite dans cet empêtrement du quotidien que dois subir Emma; on comprend à merveille ce qu'elle peut ressentir. L'ennui de Madame Bovary est perceptible jusque dans les moindres syllabes, et son désir d'évasion (ainsi que le nôtre) n'en est que plus frustré.
    J'ai donc été balancé entre des passages d'une fluidité remarquable et d'autres d'une lourdeur maladive, mais néanmoins (je suppose) voulue par l'auteur. Il m'a donc été obligatoire de pratiquer une apnée forcée sur de courtes distances pour pouvoir savourer le reste de l'ouvrage. Mais comme "Il ne faut pas toucher aux idoles, la dorure en reste aux mains" , j'entreprenais de finir ce livre sans émettre aucun jugement, pour avoir toutes les données en mains.

    Les personnages sont relativement typés, voire parfois caricaturaux: M.Lheureux, parfait en prêteur sur gages hypocrite et sournois, Charles Bovary, mari candide, généreux et presque soumis ou encore Rodolphe, amant égoïste, lâche et bien rapidement lassé. Même le caractère d'Emma est prévisible; son irrémédiable admiration pour les amours grandioses et romanesques, née en couvent et sublimé par ce qu'elle voit du bal de Vaubyessard, conduit logiquement à une déception puis au suicide. C'est en cela que le tragique apparaît, cette fatalité théâtrale qui la mènera de Charybde en Scylla.

    La fin fut comme une bouffée d'oxygène, une catharsis désolante mais indispensable, et m'a fait revoir mon impression première: toute cette monotonie, toute cette torpeur, étaient nécessaires à l'accomplissement de l'oeuvre. J'ai mal lu Madame Bovary, mais ce que j'en ai retiré ne m'amène qu'à une conclusion : livre à relire, chronique à compléter.

Bovary

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Commentaires
B
Je vois ça en effet, à la seule différence que toi, tu l'as relu ;p.
M
Moi j'en ai parlé ici : http://menon.canalblog.com/archives/2007/08/14/5891694.html<br /> <br /> Et je vois qu'on a un avis qui se rejoint...
C
Je serais bien incapable de donner une définition potable du tragique, si ça peut te rassurer. Tout juste à délimiter ses frontières - et l'on apprend cela au fur et à mesure, et pas comme une recette à apprendre -.
B
Je comprends ce que tu veux dire, je dirai juste pour ma défense que l'utilisation du terme "tragique" (et d'autres) n'est dû qu'à mon incapacité à exprimer des idées précises sans avoir recours à des notions que je m'imagine connaître :).
C
J'y suis, en ce moment - dans la Recherche, je veux dire -. On est fasciné comme devant les étoiles, dont on cherche à énoncer la beauté, cette beauté qui par son essence propre parle du temps. Impossible par ailleurs de tout comprendre. On happe seulement quelques échos, comme dans un puits profond, très profond. <br /> <br /> Si jamais tu (je ne vois rien de nocif au tutoiement) as du mal au début, commence peut-être par la "nouvelle" située dans "Du côté de chez Swann" et intitulée 'Un amour de Swann'. <br /> <br /> Pour en revenir à Flaubert, je ne parlerais pas de personnages caricaturaux: on peut seulement parler de peinture de la bêtise (présente dans toute son oeuvre, mais plus particulièrement dans "Bouvard et Pécuchet"). Et les jugements sur les personnages - et par là-même sur l'oeuvre - se modifient au fil des lectures (et des lecteurs). Je ne parlerai pas d'un roman "tragique"; c'est plutôt tout le contraire: une chronique, où Flaubert fait à sa manière, impitoyable, et du romantisme et du réalisme (je crois d'ailleurs que cela est encore plus vérifiable pour "L'éducation sentimentale". <br /> Bref, qu'on aime ou qu'on n'aime pas (personnellement, j'adore :p), les oeuvres de Flaubert sont "sans précédent dans la littérature".
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