La Caverne des Idées [José Carlos Somoza]
Eidesis, eidesis.. Voilà un bien joli mot qui m'était alors inconnu il y a
quelques jours, et que je pense maîtriser parfaitement maintenant ! José Carlos
Somoza me l'a fait découvrir dans son oeuvre La Caverne des idées ; je ne pouvais évidemment pas l'apprendre ailleurs, étant donné que
ce mot est le fruit de son invention, et imagination.
C'est un livre assez complexe, et je risque de peiner à le raconter
parfaitement. La trame "principale" de l'histoire, si je puis dire,
se déroule en Grèce au IVe ou Ve siècle avant J.C (on y côtoie Platon, c'est
assez surprenant !) et est sous forme d'enquête policière. Un jeune homme,
Tramaque, est retrouvé mort, le corps déchiqueté, le coeur arraché, comme s'il
avait rencontré des loups assoiffés de sang. Diagoras, un philosophe de
l'Académie et précepteur de Tramaque, engage Héraclès, Déchiffreur d'Enigmes,
pour enquêter sur ce meurtre.
Cela paraît banal, à conter ainsi, alors que cette oeuvre est tout, sauf une
vulgaire histoire ! En parallèle de la trame principale, on fait la
connaissance du soi-disant Traducteur de l'oeuvre (qui à l'origine est censée
avoir été écrite en grec) qui laisse des notes de-ci, de-là, exprimant son avis
sur ce qu’il lit, ce qu’il traduit. On apprend par le biais de ce Traducteur que
l’œuvre est eidétique, c’est-à-dire qu’elle cacherait un secret, une clé, uniquement
visible par le lecteur, au travers de métaphores redondantes et connotées. Au fil
du temps, les notes du Traducteur sont de plus en plus importantes, on y apprend
même sa vie, ce qui lui arrive, qui n’est
pas sans rapport avec l’œuvre qu’il traduit…
Je ne vais pas
en dire plus, de peur de gâcher l’œuvre à ceux qui voudraient, un jour peut-être,
la lire, mais j’ai été assez époustouflée par l’ampleur du projet de Somoza, ainsi
que la qualité philosophique de l’œuvre, très en rapport avec des idées platoniciennes.
(Le titre, déjà, n’était pas sans rappeler certains écrits de ce monsieur…)
Hormis la
construction et la portée du livre, donc, j’ai trouvé prodigieux la mise en
contexte de l’époque – la Grèce Antique
Une lecture agréable, en somme, et surtout une bonne approche à la philosophie platonicienne, pour moi qui risque d’en avoir grandement besoin cette année…