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1 novembre 2007

L'Iliade [Homère] / Homère, l'Iliade [Alessandro Baricco]

    Nouvelle chute de préjugés. L'Iliade est loin d'être un gros pavé infâme et incompréhensible. (Je n'ai pas été jusqu'à croire ça, mais presque). J'entamai la réécriture de Baricco lorsque la soudaine pensée de lire l'originale m'est apparue à l'idée. C'est à présent chose faite. Les deux lectures se sont entremêlées, croisées, puis complétées.

L'Iliade c'est avant tout LA grande épopée. Celle où les noms célèbres comme Agamemnon, Pâris ou Ménélas prennent tout leur sens, celle où la guerre de Troie est parfaitement contée, ne laissant aucun détail aux oubliettes. J'étais à mille lieues de penser que je pourrais me passionner pour une telle histoire. Néanmoins, j'avoue qu'il manque une grande part d'humanité dans la version d'Homère, et que l'implication divine est trop présente (mais je ne suis pas là pour juger des qualités d'Homère !) celle de Baricco m'a donc beaucoup plus plue à ce niveau.

    Son texte peut paraître étrange ; il s'est fondé sur une traduction italienne d'Homère par Maria Grazia Ciani, qu'il a adapté pour une lecture publique, et qui a, ensuite, été traduit en différentes langues, dont le  français.
"Adapter l'Iliade à une lecture publique" tel était au départ, son but. Selon moi, c'est réussi : l'oeuvre d'Homère n'est pas réduite à néant - bien que réduite, tout de même - : la trame est conservée, ainsi que l'ambiance, les plus infimes détails. La seule chose qui n'est pas passé au travers de la plume de Baricco est l'implication des Dieux. Il a estimé - et je suis d'accord avec lui - qu'elles cassaient la narration en diluant la rapidité des faits. Ainsi; l'oeuvre état presque entièrement dénué de toute présence divine, l'insistance est faite sur les actes humains (secondés par les actes divins chez Homère) et le texte ne peut en être que plus humain, plus logique dans sa destination, dont l'homme est l'ultime coupable.

    La seconde particularité est le point de vue sous lequel la guere de Troie est raconté : elle nous apparaît sous les yeux de différents personnages de l'oeuvre qui racontent ce qu'ils voient, ce qu'ils subissent, ou tout simplement ce qu'il en est. Le résultat est bien sûr un texte encore plus humain, où les sentiments d'Hélène, divisée entre les Achéens et les Troyens sont mieux exprimés que dans l'originale, où la tristesse d'Achille face à la mort de Patrocle ne se fait que mieux ressentir.

    Saines lectures donc, riches en apports mythologiques, culturels et sentiments humains. Malgré certains passages comme ceux-ci :

    "Achille tua Dryops, en le frappant au cou. Et Démouchos, en le frappant d'abord au genou, il le tua avec sa lance, et Dardanos avec son épée. De terreur, Trôs tomba à genoux à ses pieds, en demandant pitié. Ce n'était guère plus qu'un enfant, aussi jeune qu'Achille. Achille lui transperça le foie d'un coup d'épée, le foie fit saillie au-dehors et du corps du héros jaillit un sang noir. Moulios, il le tua d'un coup à l'oreille, la pointe de bronze traversa la tête et ressortit sous l'autre oreille. A l'épée, il tua Echeclos, en lui ouvrant le crâne. De sa lance il frappa Deucalion au coude ; puis de son épée lui trancha la tête : la moelle jaillit des vertèbres, et il tomba, le tronc du héros sur le sol. De sa lance, il transperça Rhigmos au ventre, et tua d'un coup dans le dos son écuyer, Aréithoos. Il était comme le feu qui enflamme l'immense forêt, poussé par un vent impétueux. Le sang coulait, sur la terre noire. Et il ne s'arrêtait plus, avide de gloire, les mains souillées de boue sanglante et de mort."

Ils n'étaient tout de même que des hommes (ou presque, pour certains.)

51eNJ0itGcL

   
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